Blanche-Neige et le Chasseur

Genre : Héroïc-fantasy.

Un film américain de Rupert Sanders, avec Kirsten Stewart, Charlize Theron, Chris Hemsworth…

Note : 3,5/10

L’histoire : Non mais ho ! Je ne vais tout de même pas vous faire l’affront de vous dire de quoi parle Blanche-Neige !

Blanche-Neige et le Chasseur est le parfait exemple de ce que l’on appelle péjorativement un « film de commande ». Lancé dans la foulée du succès retentissant (plus d’un milliard de dollars de recettes au box-office) du navrant Alice au Pays des Merveilles de Burton, cette nouvelle mouture cinématographique du célèbre conte des frères Grimm n’est qu’un des maillons d’une vaste entreprise de réinterprétation d’une série de grands contes, romans et nouvelles jadis joliment adaptés en animation traditionnelle par les studios Disney. Cette production Universal, budgétée à 170 millions de dollars, est cette année la deuxième adaptation à l’écran du fameux conte, que prévoyait aussi de transporter au format live la firme de la souris aux grandes oreilles, avant de quitter le navire. Au programme prochainement, les retours de Pinocchio et La Belle et la Bête dans diverses versions à propos desquelles on peut décemment craindre le pire si leur traitement devait s’avérer similaire à celui dont à « bénéficier » le film abordé en ces lignes. Car Blanche-Neige et le Chasseur est un ratage assez troublant, parsemé cela dit de quelques idées pas vraiment déplaisantes.

Il faut dire que cette énième itération de Blanche-Neige ne partait pas sous les meilleures auspices, avec à son bord un réalisateur venu de la pub qui n’a jamais fait ses preuves dans le monde du cinéma (bizarre de lui proposer un aussi gros projet, à part pour mieux le manipuler) et une jeune comédienne en vogue (Kirsten Stewart) plutôt bonne actrice mais pas assez rayonnante pour que le Miroir la préfère à une reine interprétée par Charlize Theron. Qui plus est, transformer le conte en grand récit épique avec une Blanche-Neige escrimeuse avait de quoi laisser pour le moins dubitatif.

Son film, Rupert Sanders le veut dans la mouvance des plus grands métrages de Ridley Scott et Guillermo Del Toro. Des influences palpables, mais qui écrasent le film jusqu’à n’en faire qu’un étrange patchwork entre Le Monde de Narnia et Robin des Bois – Prince des Voleurs. Les décors sont jolis, les designs des créatures inspirés, et pourtant on s’ennuie comme rarement, assommés par un rythme molasson et particulièrement décousu.

De Blanche-Neige il ne reste comme prévu pas grand-chose, c’est-à-dire une trame pervertie au possible, métamorphosée en un récit guerrier dans lequel de magie, il n’y a plus vraiment. Le film de Sanders est bien une actualisation du conte, et tout y parait sorti des années post-Gladiator. Cependant quelques passages réussissent à captiver réellement, tels la tant attendue scène de la pomme… Et surtout les apparitions réjouissantes d’une Charlize Theron exceptionnelle. Davantage présente dans le premier acte, elle impressionne et offre la seule prestation véritablement marquante d’un long-métrage la plupart du temps soporifique. Dans son surjeu, elle semble trouver un plaisir démesuré, d‘autant plus que son personnage amène l’unique niveau de lecture trouvant un échos dans le monde dans lequel nous vivons aujourd‘hui, à savoir la recherche obsessionnelle d’une beauté ad vitam (mais étais-ce vraiment volontaire de la part des scénaristes ?). L’espoir de la voir s’énerver à nouveau dans le film suffit à ce qu’on ne sorte pas de la salle en faisant claquer notre siège… Ce qui, sans elle, aurait peut-être été une option à étudier sérieusement.

On ne niera donc pas les quelques qualités de ce Blanche-Neige guerrier (mais pas trop, c’est aussi pour les enfants), auxquelles s’ajoutent une photographie particulièrement réussie. Seulement voilà, tout là-dedans semble avoir été chapeauté par les têtes pensantes du studio, sûrement très préoccupées par l‘application d‘une recette bien connue qui permettra d‘emporter l‘adhésion des masses. Blanche-Neige et le Chasseur ressemble à un film qui pourrait cartonner, mais il n’a pas d’âme et fait s’entrelacer l’imagerie du conte à l’univers des images de synthèses et des technologies de pointe. Des codes visuels jusqu’à preuve du contraire antinomiques, le cinéma numérique soustrayant quasi-immanquablement une partie de la magie à l’équation (mais c‘est un éternel débat…).

Faut-il aller voir le premier film de Rupert Sanders ? Sauf si vous êtes un grand admirateur de Charlize Theron, non… Puisque vous l’avez déjà vu une bonne vingtaine de fois. A trop regarder la copie du voisin, Universal (qui enchaîne les navets, ces derniers temps) se fourvoie complètement. On aimerais bien les revoir faire du Cinéma, plutôt que de pondre des produits de consommation aussitôt vus, aussitôt oubliés. Qui plus est, Avengers et Avatar (au hasard) prouvent bien qu‘on faire les deux à la fois.

Crédits photos: rottentomatoes

A Propos de l'Auteur

FreedentWhite a publié 154 articles sur ce site.

Depuis son plus jeune âge, FreedentWhite développe une passion sans bornes pour le Septième Art. Par dessus tout, il aime Powell, Pressburger, Argento, Malick, Burton et Jodorowsky. Si certains croient qu'il a une dent contre Luc Besson – tout particulièrement lui –, il dévore pourtant tous les types de cinéma ; qu'ils soient d'auteur ou de divertissement (ou les deux). Avant tout, il aime les bons films.


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